Présidentielle en Guinée-Bissau: des militaires prennent le "contrôle total du pays", le président "destitué immédiatement"
Par Pierre Desorgues avec agences
Des militaires en Guinée-Bissau ont annoncé ce mercredi 26 novembre prendre le "contrôle total du pays", "suspendre le processus électoral" et fermer les frontières. Le pays était dans l'attente des résultats des élections présidentielle et législatives organisées ce dimanche 23 novembre. Plus tôt dans la journée, des tirs avaient été entendus près du palais présidentiel. Selon nos confrères de Jeune Afrique et de la BBC, le président Umaro Sissoco Embaló a été arrêté par des militaires. Les opposants Domingos Simoes Pereira et Fernando Dias da Costa sont eux détenus à la base aérienne de Bissau.
Des militaires en Guinée-Bissau ont annoncé ce mercredi 26 novembre prendre le "contrôle total du pays", "suspendre le processus électoral" et fermer les frontières. Le pays était dans l'attente des résultats des élections présidentielle et législatives organisées ce dimanche 23 novembre. Plus tôt dans la journée, des tirs avaient été entendus près du palais présidentiel. Selon nos confrères de Jeune Afrique et de la BBC, le président Umaro Sissoco Embaló a été arrêté par des militaires. Les opposants Domingos Simoes Pereira et Fernando Dias da Costa sont eux détenus à la base aérienne de Bissau.
Un groupe d'officiers se présentant sous le nom de "Haut commandement militaire pour la restauration de l’ordre" affirme avoir pris le contrôle du pays "jusqu’à nouvel ordre". La déclaration du communiqué a été lue au siège de l'état major des forces armées par le général Denis N'Canha. Il est le chef de la maison militaire du palais présidentiel.
"Le Haut Commandement militaire pour le rétablissement de la sécurité nationale et de l'ordre public a décidé de destituer immédiatement le président de la République et, jusqu'à nouvel ordre, de fermer toutes les institutions de la République de Guinée-Bissau", a déclaré également le général Denis N'Canha.
Il a annoncé également deux mesures: la suspension du processus électoral et la suspension des programmes à la télévision. Les officiers appellent également la population à "garder le calme". Les frontières dans le pays sont également fermées.
Le président destitué
Selon Jeune Afrique, qui a réussi à joindre Umaro Sissoco Embaló, le président a annoncé lui-même son arrestation à nos confrères. Il aurait été arrêté ce mercredi 26 novembre vers 12 heures dans son bureau dans le palais présidentiel par les militaires. La BBC annonce également l'arrestation du président Umaro Sissoco Embaló. TV5MONDE a tenté de joindre le chef de l'État sortant, en vain. Toujours selon Jeune Afrique le président Embaló assurait ne pas avoir subi de violence. Il accusait le chef d’état-major de l’armée de terre d’être l’auteur du coup d’État.
Des tirs ont été entendus mercredi en milieu de journée près du palais présidentiel de Bissau et des hommes en tenues militaires ont pris possession de la principale artère menant vers le palais, selon des journalistes de l'AFP. Une source à Bissau, contactée par TV5MONDE, a également vu des militaires se déployer autour du palais présidentiel.
Deux camps avaient revendiqué la victoire aux élections
Le camp du président sortant Umaro Sissoco Embalo et le candidat de l'opposition Fernando Dias da Costa ont chacun revendiqué la victoire mardi, alors que les résultats provisoires officiels de ces élections étaient attendus que jeudi. Selon nos confrères de RFI, les opposants Domingos Simoes Pereira et Fernando Dias da Costa ont été également arrêtés et sont détenus à la base aérienne de Bissau.
Le pays d'Afrique de l'Ouest est coutumier des troubles politiques. Il a connu quatre coups d'État et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance en 1974.
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Le président sortant était donné favori pour remporter la présidentielle qui s'est déroulée dans le calme, mais sans le principal parti d'opposition, le PAIGC, et son candidat, Domingoes Simoes Pereira. Le PAIGC et Domingoes Simoes Pereira soutiennent Fernando Dias da Costa.
Les résultats provisoires officiels, attendus jeudi, doivent ensuite être validés par la Cour suprême à une date qui n'est pas encore connue. La proclamation des résultats électoraux a souvent donné lieu à des mouvements de contestation dans le pays. La précédente présidentielle, en 2019, avait débouché sur plusieurs mois de crise post-électorale, Umaro Sissoco Embalo et son adversaire Domingoes Simoes Pereira revendiquant tous deux la victoire.
Plus de 6.700 membres des forces de l'ordre, dont des éléments de la force de stabilisation de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), ont été déployés pour sécuriser le scrutin et l'après-scrutin.
Avec près de 40% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté, la Guinée-Bissau figure parmi les pays les plus pauvres au monde. Elle est réputée être une plaque tournante du trafic de drogue entre l'Amérique du Sud et l'Europe, favorisé par l'instabilité politique.
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