France : Sébastien Lecornu nouveau Premier ministre

Le président français Emmanuel Macron a nommé mardi soir le ministre de la Défense Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre, le quatrième en un peu plus d'un an.
Selon un communiqué de presse publié mardi soir par l'Élysée, Emmanuel Macron « a chargé » Sébastien Lecornu de « consulter les forces politiques représentées au Parlement afin d'adopter un budget et de s'appuyer sur les accords indispensables aux décisions des prochains mois ».
Sébastien Lecornu devra désormais nommer son cabinet et ses ministres dans les prochains jours. La passation de pouvoirs entre François Bayrou et Sébastien Lecornu aura lieu mercredi midi à Matignon, apprend-on auprès des services de l'ex-Premier ministre.
Cette annonce intervient également à la veille de manifestations nationales visant à paralyser les transports, les écoles et la vie quotidienne.
Lecornu était déjà pressenti pour ce poste l'année dernière et succédera à François Bayrou, qui a été démis de ses fonctions après avoir perdu un vote de confiance crucial au Parlement lundi.
Âgé de 39 ans, Sébastien Lecornu est le plus jeune ministre de la Défense de l'histoire de la France et l'architecte d'un important renforcement militaire prévu jusqu'en 2030, motivé par la guerre menée par la Russie en Ukraine.
Ancien conservateur qui a rejoint le mouvement centriste de Macron en 2017, il a occupé des postes au sein des autorités locales, dans les territoires d'outre-mer et pendant le « grand débat » sur les gilets jaunes organisé par Macron, où il a géré la colère populaire par le dialogue. Il a également proposé des discussions sur l'autonomie lors des troubles en Guadeloupe en 2021.
Son ascension reflète l'instinct de Macron à récompenser la loyauté, mais aussi le besoin de continuité, car les confrontations budgétaires répétées ont renversé ses prédécesseurs et laissé la France à la dérive.
Bayrou, nommé il y a moins d'un an après l'éviction du politicien conservateur et ancien négociateur du Brexit Michel Barnier, a perdu son pari après avoir convoqué un vote de confiance sans précédent sur son plan budgétaire controversé pour 2026.
Au cœur de cette confrontation se trouvaient les finances publiques fragiles de la France. Le déficit de l'année dernière a atteint 5,8 % du PIB, soit près du double du plafond de 3 % fixé par l'UE, tandis que la dette nationale s'élève désormais à plus de 3 300 milliards d'euros, soit environ 114 % de la production économique.
Bayrou a fait valoir que des coupes drastiques étaient inévitables, proposant un plan visant à réduire les dépenses de 44 milliards d'euros d'ici 2026, en partie en supprimant deux jours fériés.
L'opposition n'a pas tardé à réagir
Les deux extrémités de l'échiquier politique français - LFI et le RN - n'ont pas tardé à réagir à la nomination de Lecornu, et n'ont pas été tendres envers l'ancien ministre des Armées.
Marine Le Pen, la cheffe de file de l'extrême droite française, a fustigé "la dernière cartouche du macronisme" et à prédit le nom du prochain locataire du Matignon.
Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, a, encore une fois, demandé le départ du président comme seule garantie de "décence politique".
Le même son de cloche chez la compagnonne en armes de Mélenchon , Mathilde Panot :
... tandis que la secrétaire nationale des Verts Marine Tondelier a déploré en nomination de Lecornu "une provocation" :
Ton plus mesuré dans les camps centristes ou de droite : l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui a lancé la carrière ministérielle de Sébastien Lecornu, salue le choix de son successeur, qui est "jeune" mais "a pris beaucoup de densité au ministère des Armées et qui sait discuter". Le chef du parti Horizons assure qu'il n'aura "aucun problème" pour travailler avec lui et tenter de trouver un accord "nécessaire" avec les socialistes.
La présidente LR de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, s'est dite à attendre de la part de Lecornu "un contrat de gouvernement qui tienne compte de notre demande de remise en ordre dans les comptes, dans les rues et à nos frontières".
"Ce n'est pas le choix d'un Premier ministre socialiste et je m'en félicite" : le président des Républicains et le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau s'est dit vouloir "travailler à un projet" avec le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, qui est issu de sa famille politique, relève franceinfo.
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