Friedrich Merz change-t-il de cap ? Pourquoi ses 100 jours ne prêtent pas à la célébration

Cet été, l'agenda international ne laisse guère de répit au chancelier allemand Friedrich Merz. Il s'agit presque quotidiennement de coordonner la position allemande avec les partenaires européens - comme sur la guerre en Ukraine ou sur la guerre d'Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza.

Dernièrement, Friedrich Merz a même fait l'objet de critiques massives dans ses propres rangs. Apparemment, le chancelier n'avait pas discuté avec son parti frère, la CSU, de sa décision de suspendre l'exportation d'armes qu'Israël pourrait utiliser dans la guerre à Gaza. La majorité de la population allemande est favorable à la limitation des exportations d'armes vers Israël, pour laquelle le SPD s'était également prononcé, mais la décision prise en solo a suscité le mécontentement.

La gauche et les Verts ont critiqué le fait que l'arrêt partiel des exportations d'armes de Merz était "trop peu, trop tard" - trop peu et trop tard face aux souffrances des habitants de la bande de Gaza.

Aujourd'hui - donc plusieurs jours après la décision - Friedrich Merz veut la justifier dans une interview télévisée, sur la chaîne ARD, au journal télévisé.

Après les vives critiques de certains parlementaires conservateurs, le conseiller en politique étrangère de Merz, Günter Sautter, devait également organiser ce dimanche une vidéoconférence entre les experts en politique étrangère de la CDU et de la CSU afin d'apaiser les tensions. Friedrich Merz n'est pas seulement chancelier fédéral, il est également président de la CDU depuis 2022.

Seuls 28 pour cent sont satisfaits du gouvernement

Dans les sondages, la situation n'est pas bonne pour la coalition noire-rouge. Selon le sondage ARD-Deutschlandtrend, 69 pour cent des personnes interrogées en Allemagne sont insatisfaites du travail du gouvernement fédéral. Seuls 28 pour cent sont satisfaits dans le sondage d'Infratest-Dimap.

Ce n'est guère surprenant : une majorité d'Allemands (61 pour cent) estime que le style de communication du nouveau chancelier n'est pas convaincant, seuls 34 pour cent le considèrent comme positif. En outre, seuls 26 pour cent des personnes interrogées pensent que Merz est quelqu'un en qui l'on peut avoir confiance.

Des lois mises en route seulement pendant la pause estivale

En fait, c'était déjà la pause estivale à Berlin lorsque le gouvernement fédéral a lancé plus de 20 projets de loi lors de sa réunion du 6 août : du paquet retraite avec la pension maternelle au ticket national pour le train et les autres transports en commun, en passant par de petites économies pour les gens sur le prix du gaz.

Les préoccupations des citoyens ne sont pas assez mises en avant ?

Des experts politiques comme le journaliste du WELT Robin Alexander déplorent que le chancelier Merz se concentre trop sur la politique étrangère.

La querelle de la coalition au sujet du renouvellement des juges de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe a mis en émoi le monde politique à Berlin. Le fait que le chef du groupe parlementaire CDU, Jens Spahn, n'ait pas réussi à maintenir la cohésion dans ses propres rangs a fait naître des doutes quant à son aptitude à occuper ce poste.

Selon certains rapports, la critique de la juge Frauke Brosius-Gersdorf, proposée par le SPD, a également été orchestrée par les cercles populistes de droite dans les médias sociaux.

Le ministre d’État de la Culture Wolfram Weimer veut désormais interdire le gendering (c'est-à-dire les astérisques ou autres caractères spéciaux pour les personnes de sexe féminin) non seulement dans son ministère, mais aussi dans la radio et la télévision publiques. Les critiques ne viennent pas seulement des médias, beaucoup en Allemagne considèrent cette politique paternaliste comme passéiste.

A l'heure des droits de douane punitifs de Donald Trump, les gens s'inquiètent pour l'économie en Allemagne et pour leur situation financière personnelle. De plus, les succès des investissements massifs annoncés dans l'infrastructure et le numérique se font attendre. Les travaux de construction de la Deutsche Bahn ne sont pas les seuls à durer des années - comme on peut le constater.