Kneecap se produira à Rock en Seine, malgré la controverse

"Troupe militante", qui "ne fait pas dans le tiède, dans le passe-partout", c'est ainsi que les programmateurs de Rock en Seine décrivent le trio nord-irlandais Kneecap, "le phénomène hip-hop du moment".
Le groupe basé à Belfast, fervent soutien de la Palestine sur fond de guerre à Gaza, se produira ce dimanche pendant près d'une heure, lors de la dernière soirée du festival francilien.
Avant qu'il ne soit clair que leur troisième concert de l'été en France, après les Eurockéennes et le Cabaret vert, serait maintenu, des voix se sont élevées, notamment parmi les élus de droite, pour réclamer la déprogrammation du groupe.
La mairie de Saint-Cloud qui accueille Rock en Seine a retiré sa subvention de 40 000 euros. Valérie Pécresse, à la tête de la région Île-de-France, a décidé d'en faire autant et a annulé ses aides pour l'édition 2025, soit près de 300 000 euros. Ce qui reste symbolique au regard du budget total du festival, estimé entre 16 et 17 millions d’euros cette année, selon Le Parisien.
Au cœur de la controverse, des accusations d'antisémitisme et d'apologie du terrorisme
Le chanteur du groupe, Liam O'Hanna dit Mo Chara, a comparu mercredi devant le tribunal de première instance de Westminster, pour avoir brandi un drapeau du Hezbollah lors d'un concert le 21 novembre 2024, à Londres, tout en criant "Vive le Hamas, vive le Hezbollah" (les deux groupes armés niant l'existence d'Israël).
Pour sa défense, Kneecap a déclaré que le drapeau avait été jeté sur scène pendant leur prestation, tout en affirmant que les poursuites portées contre O'Hanna visaient à les réduire au silence.
Au tribunal, le Nord-Irlandais de 27 ans était vêtu d'un keffieh, associé à la cause palestinienne. Il a également exigé qu'une traduction en gaélique soit assuré pendant l'audience.
Le juge Paul Goldspring rendra sa décision le 26 septembre, a rapporté Reuters.
"En maintenant les Kneecap, les organisateurs transforment Rock-en-Seine en festival de la honte", s'est indigné sur X le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi.
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a mis en garde contre le moindre débordement lors du concert de ce dimanche soir et a demandé à police d'être attentive à ce qui se passe sur scène.
Retailleau a toutefois expliqué, dans une lettre adressée à une députée macroniste le 14 août, que le trio s'était engagé à respecter "un code de bonne conduite" lors de leurs précédentes dates dans l'Hexagone. Le ministre a également reconnu que les deux concerts s'étaient déroulés sans trouble à l'ordre public. Les organisateurs de Rock en Seine, ont reçu les mêmes promesses, note Le Parisien.
Mathieu Pigasse, propriétaire, entre autres, de Rock en Seine, de We Love Green et de Radio Nova, a dû lutter pour le maintien du concert de Kneecap.
Dans une interview à Billboard, celui qui parfois surnommé "le banquier de gauche", a qualifié la pression et les demandes de déprogrammation de "censure".
"Il ne faut pas accepter le principe de censure, parce que sinon, c’est une vague qui va déferler sur les festivals et sur les médias", a-t-il déclaré.
Today