Guerre en Ukraine : face à Vladimir Poutine, Donald Trump est-il inefficace ?

"Nous saurons d'ici deux semaines s'il y aura la paix en Ukraine. Après cela, nous devrons peut-être adopter une approche différente", déclarait Donald Trump le jeudi 21 août, soit trois jours après son entretien avec Volodymyr Zelensky et près d'une semaine après le sommet avec Vladimir Poutine.
Le président étasunien a également affirmé que ces deux semaines permettraient à Washington d'avoir une idée claire sur la possibilité de mettre fin à la guerre qui dure depuis février 2022. "Après cela, nous devrons peut-être adopter une approche différente", si aucun progrès n'était enregistré. Cependant, jamais il n'a précisé ce que cela impliquerait.
Sur le terrain, une situation qui ne s'améliore pas
Mais malgré les menaces de Donald Trump, Moscou continue de frapper, quasi quotidiennement l'Ukraine et a intensifié son offensive dans le but d'occuper l'ensemble de la région de Donetsk, cible privilégiée de Kremlin depuis la première invasion de 2014.
Les troupes russes se sont explicitement concentrées sur les zones de Dobropillia, Pokrovsk et Kostyantynivka. À la mi-août, elles auraient même pénétré les défenses ukrainiennes et se seraient temporairement emparées de positions dans une localité voisine pour soutenir d'autres opérations offensives.
Kyiv a réagi en déployant ses forces dans la région. Le 12 août, le corps d'élite Azov a confirmé avoir été déployé dans le secteur de Pokrovsk pour contrer l'offensive russe. Quelques jours plus tard, l'Ukraine a indiqué que la localité Pokrovsk avait été libérée, que la pénétration russe de la région de Dobropollia avait été stoppée et que quelques localités avaient été récupérées.
Le renforcement du front ukrainien a eu un impact direct : selon DeepState, un projet interactif de renseignement à source ouverte, le rythme de l'avancée de la Russie en Ukraine a ralenti de 18 % en août. "L'augmentation des territoires occupés au cours des deux dernières années et des onze derniers mois est pratiquement nulle", indique DeepState.
Intensification des attaques aériennes russes
Parallèlement à son offensive estivale dans les régions orientales, la Russie a considérablement intensifié ses attaques aériennes contre les villes et les civils ukrainiens.
Depuis le sommet en Alaska, la Russie a lancé au moins 3 372 missiles et drones contre l'Ukraine.
Dans la nuit du mardi 2 au mercredi 3 septembre, Moscou a lancé plus de 500 drones et missiles, principalement dans l'ouest du pays. "Ces frappes sont clairement une démonstration russe. [Vladimir] Poutine montre son impunité. Et cela exige sans aucun doute une réponse de la part du monde", a déclaré Volodymyr Zelensky.
Le 28 août dernier, la Russie avait lancé 629 armes d'attaque aérienne, détruisant partiellement les bâtiments appartenant à l'Union européenne et au British Council à Kyiv, ce qui a poussé l'UE et le Royaume-Uni à convoquer les principaux diplomates russes en poste dans leurs capitales. Vingt-cinq personnes, dont quatre enfants, ont été tuées dans ce qui a été la deuxième plus grande attaque aérienne de Moscou depuis son invasion à grande échelle au début de 2022.
Un mois plus tôt, le 29 juillet, la Russie avait lancé son attaque la plus meurtrière contre l'Ukraine, tuant 32 personnes dans la capitale.
Quelques semaines auparavant, le 9 juillet, Moscou avait déjà lancé sa plus importante attaque aérienne contre l'Ukraine, impliquant 741 drones et missiles.
Aucun progrès diplomatique
Après avoir rencontré Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, Donald Trump a déclaré que la prochaine étape devrait être un tête-à-tête entre les présidents ukrainien et russe. Le président américain a même qualifié cette rencontre de "cruciale" dans sa volonté de mettre fin à la guerre menée par Moscou. Il a également admis qu'il pourrait y avoir deux réunions : d'abord un sommet bilatéral entre les présidents ukrainien et russe, puis un sommet trilatéral auquel se joindrait le dirigeant américain.
Volodymyr Zelensky a envoyé ses principaux émissaires visiter les lieux possibles pour une rencontre avec son homologue russe, notamment le Qatar, l'Arabie saoudite et la Turquie. Le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre de Vladimir Poutine pour l'enlèvement d'enfants ukrainiens limite le choix du lieu, car il risque d'être arrêté dans n'importe lequel des 125 États membres de la Cour s'il met le pied sur leur territoire.
Certains d'entre eux, comme la Suisse et l'Autriche, se sont dits prêts à faire une exception et ont promis de ne pas arrêter le président russe s'il venait pour une réunion qui pourrait mettre fin à la guerre contre l'Ukraine. Mais il ne semble pas qu'il prenne ce risque.
Moscou avait rejeté à plusieurs reprises la possibilité de discussions directes entre les deux chefs d'États, invoquant diverses raisons, notamment le fait que les préparatifs ne sont pas encore terminés, la remise en question de la légitimité de Volodymyr Zelensky et le fait qu'ils n'ont jamais convenu d'une quelconque rencontre. Le conseiller en politique étrangère du Kremlin, Yuri Ushakov, qui était présent au sommet de l'Alaska en août, a déclaré, ce mardi, qu'aucun accord n'avait été conclu entre Donald Trump et Vladimir Poutine pour une telle rencontre.
Mais ce mercredi, Vladimir Poutine a exprimé sa volonté de rencontrer Volodymyr Zelensky... mais seulement si ce dernier venait à Moscou, une condition que sûrement rejetteraient aussi bien Kyiv que tout le monde occidental.
Qu'en est-il maintenant ?
Ce mercredi, le président russe a affirmé être prêt à atteindre "militairement" ses objectifs en cas d'échec des négociations de paix.
De son côté, Volodymyr Zelensky a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de rencontrer directement son homologue russe, exhortant les États-Unis à imposer des mesures plus strictes si Moscou continue d'éviter de tels pourparlers. Il poursuit ses consultations avec ses alliés occidentaux. Ce mercredi, il a rencontré les dirigeants nordiques et baltes avant de se réunir avec la "coalition des volontaires", le lendemain à Paris, où il discutera avec Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, Mark Rutte, secrétaire général de l'Otan, et les dirigeants allemand, français et britannique.
Donald Trump avait donc laissé deux semaines au chef du Kremlin. Mais ce n'était pas la première fois qu'il menaçait de prendre des mesures plus sévères à l'encontre de Moscou. Toutefois, aucune de ces menaces ne s'est concrétisée jusqu'à présent.
Entre temps, la Russie aurait redéployé ses forces d'"élite" d'infanterie de marine et aéroportées (VDV) dans la région de Donetsk depuis le nord de Sumy et de Kherson, ce qui indique la stratégie de Moscou pour la prochaine offensive de l'automne 2025. La Russie donne à nouveau la priorité à la conquête de Dobropillia et de Pokrovsk, comme il y a un an, espérant toujours prendre Pokrovsk.
Non seulement la Russie ne montre aucun signe d'une éventuelle trêve, mais elle continue à faire pression pour occuper toute la région ukrainienne de Donetsk, malgré des pertes importantes en termes d'effectifs.
Le Kremlin ne prévoit pas non plus d'arrêter ses attaques aériennes : Vladimir Poutine a déclaré, mardi, que Moscou attaquerait les sites énergétiques ukrainiens. Chaque automne, la Russie intensifie ses attaques contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, provoquant des coupures de courant et des problèmes de chauffage en hiver.
En visite en Chine cette semaine, le président russe a confirmé une fois de plus que ses intentions à l'égard de l'Ukraine n'avaient pas changé et que Donald Trump ne l'avait pas convaincu d'arrêter. Lors de son discours au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai, il a de nouveau accusé l'Occident et l'OTAN d'être à l'origine de la guerre totale qu'il mène actuellement contre l'Ukraine, indiquant qu'il n'est pas prêt à y mettre un terme.
Today