Procès des revenantes de Syrie : trois Françaises jugées pour association de malfaiteurs terroriste

"Les revenantes" sont ces femmes, qui ont quitté la France pour vivre dans le "califat" autoproclamé par l'État islamique (EI) au milieu des années 2010.
Leurs rôles n'étaient pas les mêmes que ceux des hommes, car elles n'étaient pas des combattantes directes. Elles avaient cependant un rôle crucial dans le fonctionnement de la société du Califat, notamment en matière de reproduction, d'éducation des enfants à l'idéologie du groupe, et de soutien logistique.
Depuis 2010, on estime que plus de 500 Françaises ont rejoint l'EI. Certaines ont disparu, ou ont été tuées, d'autres sont toujours dans des camps de prisonniers depuis la chute du califat.
Lorsqu'elles sont de retour, elles sont toujours jugées pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », une infraction récente dans le droit français, (1996), dont les peines peuvent aller jusqu'à 30 ans de prison pour les complices, et la perpétuité pour les dirigeants.
Qui sont-elles ?
Jennyfer Clain, 34 ans, la nièce de Jean-Michel et Fabien Clain qui étaient responsables de la propagande de Daech, et avaient revendiqué sur les canaux du groupe terroriste, les attentats du 13 novembre. Les deux hommes auraient été tués. Elle a été arrêtée en 2019 puis expulsée vers le France
Autre accusée, Christine Allain, 67 ans. Ancienne éducatrice spécialisée, elle s'était convertie à l'islam avant de rejoindre Daech.
Enfin Mayalen Duhart la belle sœur par alliance de Christine Allain qui quitte avec cette dernière la France en 2014 pour la Syrie.
En septembre 2019, les trois femmes ont été renvoyées de Turquie vers la France, où elles ont aussitôt été mises en examen. Elles voyageaient avec leurs neuf enfants, âgés de 3 à 13 ans. Deux mois auparavant, elles avaient été arrêtées dans la province turque de Kilis proche de la Syrie.
Les départs en Syrie des trois accusées est l'aboutissement d'un "itinéraire engagé depuis une dizaine d'années dans l'idéologie salafo-jihadiste", ont écrit les magistrats du Parquet National Anti-Terroriste dans leur acte d'accusation que l'Agence France Presse a pu consulter.
Elles seront aussi poursuivies pour avoir mis en danger la santé, la sécurité, la moralité et l’éducation de leurs neuf enfants en les emmenant dans des zones de guerre contrôlées par des groupes terroristes.
Les enjeux du procès
La cour devra évaluer l’implication réelle de chacune des accusées : leur niveau d’engagement, leur part de responsabilité dans les crimes de Daech et la fonction qu’elles occupaient au sein de l’organisation.
L’enjeu du procès est de prouver avec certitude si ces femmes doivent être considérées uniquement comme des victimes d’endoctrinement ou bien comme des membres actives ayant volontairement contribué à une entreprise terroriste.
À noter que dans ce procès, les enfants des accusées vont jouer un rôle particulier en se constituant parties civiles. Les quatre enfants de Mayalen Duhart, et les cinq de Jennyfer Clain, sont représentés par l’association SOS Victimes 93 basée en Seine-Saint-Denis près de Paris.
Cette organisation accompagne des mineurs rapatriés de Syrie, les aidant à surmonter le traumatisme de la guerre, de l’exil et de la vie dans les camps.
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