Reconnaissance de la Palestine : "La France, un agent déstabilisateur", pour l'ambassadeur israélien

"Fidèle à l'engagement historique" de la France "pour la paix entre le peuple israélien et le peuple palestinien", Emmanuel Macron a annoncé, la veille, à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies à New-York, la reconnaissance formelle de l'Etat palestinien par la France.
Si l'Autorité palestinienne a immédiatement salué la reconnaissance officielle par la France, qualifiant ce geste de “décision historique et courageuse”, le son de cloche a été tout à fait différent du côté israélien.
Déjà lundi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a clairement annoncé la couleur : « Cela n'arrivera pas », a-t-il déclaré en référence à cet État palestinien.
L'ambassadeur de l'Etat hébreu en France, Joshua Zarka, a été encore plus éloquent. "C'est le plus gros gaspillage dans l'histoire de la diplomatie", a-t-il assuré sur RTL ce mardi. Selon lui, "la France devient un agent déstabilisateur au Moyen-Orient".
Si le chef du gouvernement israélien avait déjà menacé la France de représailles, l'ambassadeur ignore pour le moment quelles seront les sanctions imposées à la France. "Les décisions vont être prises au niveau du Premier ministre et du gouvernement", a-t-il indiqué.
Une "victoire" pour la gauche française, la droite toujours réticente
Le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui a fait du soutien à Gaza une de ses priorités, a salué sans appel une "victoire irréversible du combat populaire pour le droit d'un peuple à disposer de lui-même", sans manquer à envoyer une pique au chef d'État français et ses explications "emberlificotées".
Une victoire, aussi, pour le patron des communistes Fabien Roussel, même si victoire tardive, dans le combat de "stopper Netanyahu".
Le Parti socialiste, quant à lui, a salué un geste qui fait honneur à la France et un "geste d'espoir" afin de stopper le "génocide" dans la bande de Gaza.
La droite et l'extrême-droite a été plus retenue, sinon carrément outrée, dans ses appréciations.
Le ministre de l’Intérieur démissionnaire et président des Républicains (LR) Bruno Retailleau (qui s'exprimait sur LCI peu avant la prise de parole par Emmanuel Macron à l’ONU) a tranché qu'«on ne peut reconnaître un État palestinien qu’avec les conditions réunies» - estimant, sans doute, qu'elle ne le sont pas encore. "C’est le choix d’Emmanuel Macron, pas le mien", a sèchement lancé le locataire (pour l'instant) de place Beauvau.
Le même maître mot revient dans les propos de l’ancien Premier ministre Michel Barnier, LR lui aussi : la reconnaissance «ne saurait advenir sans conditions claires».
L'argument de "cadeau au Hamas", martelé par Benjamin Netanyahu, a trouvé ses adhérents également à droite de l'échiquier politique français. Le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand a, comme la gauche, parlé de victoire, mais de victoire pour le Hamas :
"C'est le Hamastan qu'Emmanuel Macron reconnaît aujourd'hui, pas la Palestine. C'est une faute extrêmement grave, notamment à l'égard des nations qui luttent contre le terrorisme islamiste", a accusé lundi matin la cheffe de file du Rassemblement national Marine Le Pen.
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