Meurtre de Lola : Dahbia Benkired condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible
Dahbia Benkired, ressortissante algérienne de 27 ans, a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible ce vendredi. Elle a été jugée coupable de tous les chefs d’accusation : meurtre, viol et des actes de torture et de barbarie.
Un peu plus tôt, l'avocat général avait requis cette peine à l'encontre de l'accusée dans l'affaire du meurtre de Lola Daviet, 12 ans, à Paris, en octobre 2022. Une peine rare qui n'avait jamais été prononcée contre une femme en France.
La Cour d’assises a déclaré que ce que Dahbia avait infligé à Lola est “un véritable supplice”.
La mère de Lola et son frère Thibault se sont embrassés et ont fondu en larmes lorsque le verdict a été lu. "On croyait en la justice, et on l'a eue", ont-ils déclaré à la sortie du tribunal.
Le père de Lola est décédé en 2023 d'une crise cardiaque, après avoir replongé dans l'alcool. Il ne s'était jamais remis de la mort de sa fille.
Tout au long du procès, Dahbia Benkired est restée immobile. Elle n'a montré aucune réaction lors de la lecture du verdict. Son avocat a indiqué qu'une décision sur un appel n'avait pas encore été prise.
Une affaire qui a choqué la France
Le corps de Lola a été retrouvé dans une malle dans une rue de Paris, près de son domicile.
L'adolescente de 12 ans était rentrée de l'école le 14 octobre 2022 dans l'immeuble du nord-est de la capitale où ses parents travaillaient comme gardiens.
Des images de vidéosurveillance ont montré Dahbia Benkired, sans domicile fixe et sans emploi, qui logeait dans l'appartement de sa sœur dans le même immeuble, en présence de l'enfant peu après 15 heures.
Lola n'étant pas rentrée chez elle, ses parents ont donné l'alerte. Une heure et demie plus tard, Dahbia Benkired a été à nouveau filmée dans le hall d'entrée de l'immeuble, entourée de valises, dont la grande malle où le corps de la fillette a été retrouvé.
L'affaire avait choqué la France. L'extrême droite s'en était emparée pour critiquer les politiques d'immigration du gouvernement, Dahbia Benkired ayant reçu l'ordre de quitter le territoire français (OQTF) deux mois avant le meurtre de la fillette.
"Ca me fait ni chaud ni froid"
Vendredi, à la cour d'assises de Paris, après un réquisitoire d'une heure, l'avocat général a requis la peine de perpétuité incompressible.
Cette peine, parfois appelée "perpétuité réelle", signifie qu'il n'existe aucune possibilité de libération anticipée ou de réduction de la durée de la peine.
Toutefois, la loi permet un réexamen après 30 ans, à la demande de la personne condamnée.
Une formation spéciale de cinq juges de la Cour de cassation, la plus haute juridiction du pays, peut autoriser la libération, mais uniquement si elle ne constitue pas une menace grave pour l'ordre public et après consultation des familles des victimes.
Un passé trouble et un détachement qui fait froid dans le dos
Les experts ont déclaré au tribunal jeudi que Dahbia Benkired était pénalement responsable de ses actes.
Ils n'ont trouvé aucun signe de maladie mentale ou d'altération du jugement, la décrivant comme ayant une "intelligence normale" et ne souffrant d'aucune "pathologie psychiatrique".
Un rapport psychiatrique la décrit comme "froide, passive-agressive, avec un discours contradictoire et fantaisiste", faisant preuve d'un "narcissisme pathologique", d'un comportement antisocial et d'un "risque très élevé de récidive".
Une deuxième évaluation n'a révélé "aucun symptôme dépressif, anxieux ou post-traumatique" et a noté son "très faible niveau d'empathie".
Son détachement émotionnel a été constaté depuis son arrestation. "À aucun moment elle n'a montré le moindre signe de regret, au point de me faire douter de sa culpabilité malgré toutes les preuves qui l'accusaient. Les faits étaient si horribles que je m'attendais à ce qu'elle s'effondre", a témoigné un officier de police.
Lorsqu'on lui a montré des photos de la victime torturée, Dahbia Benkired a déclaré : "Ca me fait ni chaud, ni froid".
Le tribunal a également examiné le passé de Dahbia Benkired : une enfance marquée par des violences en Algérie, des abus sexuels présumés et une consommation précoce de cannabis après son arrivée en France à l'âge de 16 ans.
Incapable de trouver une stabilité sociale ou professionnelle, elle affirme avoir dérivé vers la prostitution.
Dans les derniers mots qu'elle a prononcés devant la cour avant que le juré ne se retire pour délibérer, Dahbia Benkired a déclaré d'une voix monotone : "Je demande pardon, c'est horrible ce que j'ai fait, et c'est tout ce que j'ai à dire."
Pendant l'audience, elle est restée assise sur le banc des accusés, le regard vide, sans jamais montrer d'émotions.
Les membres de la famille de Lola portaient des T-shirts avec un dessin de la jeune Lola et les mots : "Tu étais le soleil de nos vies, tu seras l'étoile de nos nuits".
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