Espagne : la police expulse 400 personnes du plus grand squat de Catalogne
La police espagnole a procédé à l'évacuation, ce mercredi 17 décembre, de quelque 400 migrants, pour la plupart sans papiers originaire d'Afrique subsaharienne, qui vivaient dans un lycée désaffecté de Badalona, ville ouvrière limitrophe de Barcelone.
Plus de 200 d'entre eux avaient fui les lieux avant l'intervention de la police. Bien que l'expulsion se soit déroulée dans le calme, la police a interpellé dix-huit personnes, soupçonnées de résider dans le pays illégalement, a indiqué l'avocate Marta Llonch, qui représente les squatteurs.
Cette expulsion, menée par la police régionale, les Mossos d'Esquadra, et la police nationale, responsable de la question de l'immigration, a été validée par la justice. Le 4 décembre dernier, un juge a autorisé les autorités a pénétrer dans le bâtiment, propriété de la mairie, afin d'expulser les personnes qui se trouvaient à l'intérieur.
La mairie de Badalona, dirigée par Xavier García Albiol, connu pour ses positions anti-immigration, avait demandé l'expulsion de ces migrants en invoquant des risques pour la sécurité, des conditions insalubres et des problèmes de voisinage.
"Mettre 400 personnes à la rue en plein hiver, juste avant Noël, il faut avoir le cœur dur pour faire ça", a soufflé Younous Drame, un homme de 50 ans originaire du Sénégal, et contraint de quitter le bâtiment.
Les expulsés dans la rue
Les arguments avancés par la mairie ont été critiqués par les entités sociales et les organisations de soutien aux migrants, qui dénoncent le manque d'alternatives de logement pour la majorité des personnes affectées.
Car l’ordonnance judiciaire obligeait la mairie de Badalona à fournir aux personnes expulsées un accès aux services sociaux, mais ne contraignait pas les autorités locales à trouver un logement pour tous les squatteurs.
"Beaucoup de gens vont dormir dans la rue ce soir", a alerté Marta Llonch. "Ce n’est pas parce que vous expulsez ces personnes qu’elles disparaissent. Si vous ne leur donnez pas un lieu alternatif où vivre, elles seront maintenant dans la rue, ce qui posera problème tant pour elles que pour la ville."
Nombre de squatteurs vivaient grâce à la vente de ferraille récupérée dans les rues. D’autres possédaient des titres de séjour et des permis de travail, mais étaient contraints de vivre dans ce squat, faute de pouvoir se payer un logement.
El Pais assure que seize ou dix-sept personnes ont pu obtenir un logement temporaire, tandis que les coordonnées d'une cinquantaine d'autres ont été prises afin qu'elles puissent bénéficier des services sociaux. "La municipalité ne dépensera pas un seul euro pour offrir un logement à des gens qui rendent la vie impossible aux voisins", a déclaré le maire, qui associe ces occupants à la criminalité.
Bagarres, vols et meurtre
Selon les médias locaux, au moins neuf cas de tuberculose ont été détectés parmi les occupants du bâtiment il y a deux ans. Et ces dernières années, plusieurs cas de bagarres, de vols, de drogues et un meurtre ont été recensés. En août dernier, un jeune homme d'une vingtaine d'années a été poignardé lors d'une bagarre à l'intérieur du lycée.
"Comme je l'avais promis, l'expulsion des 400 squatters illégaux du B9 à Badalona commence", s'est réjouit l'édile sur X.
Des organisations sociales et des groupes de soutien ont appelé à des manifestations dès le matin pour tenter d'arrêter ou de rendre visible l'expulsion. Ces derniers jours, un recours a même été déposé auprès de la Cour européenne des droits de l'homme pour demander des mesures de précaution, mais sans succès jusqu'à présent.
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