RD Congo: la ville d'Uvira "traumatisée" face à la discorde entre les forces régulières et des Wazalendo

Par TV5MONDE ANTOINE DELPIERRE


Depuis le 25 août, des affrontements se déroulent à Uvira, dans le Sud-Kivu, entre l'armée congolaise et des membres du groupe armé Wazalendo. Les deux parties étaient initialement alliées dans la guerre toujours en cours contre le M23. Les habitants d’Uvira qui redoutent une escalade, ont décrété une journée "ville morte" ce mercredi 3 septembre.

Depuis le 25 août, des affrontements se déroulent à Uvira, dans le Sud-Kivu, entre l'armée congolaise et des membres du groupe armé Wazalendo. Les deux parties étaient initialement alliées dans la guerre toujours en cours contre le M23. Les habitants d’Uvira qui redoutent une escalade, ont décrété une journée "ville morte" ce mercredi 3 septembre.
Six mois après la prise de Bukavu, les tensions se poursuivent à Uvira, dans le Sud-Kivu, à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Tout a commencé le matin du 25 août, lorsque des combattants du groupe armé ont bloqué un convoi de passagers en provenance du Burundi voisin.
Parmi eux se trouvaient des Banyamulenge, une communauté rwandophone de l’est du Congo. Les Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC), ou les "guépards", sont intervenues et des échanges de tirs ont éclaté avec les Wazalendo.
Un climat anti-Tutsi qui s'exacerbe
Les Wazalendo reprochent au nouveau général de l’armée régulière, Olivier Gasita, d’avoir participé à l’occupation de Bukavu par les AFC-M23, un mouvement soutenu par le Rwanda.
"Arrivé au niveau du pont Ruzizi I (à la frontière entre la RDC et le Rwanda), il y a eu un méfait", raconte Bernard Kadogo Tondo, porte-parole de la coordination des Wazalendo. "Les hommes de Gasita se sont affrontés avec les nôtres. Olivier Gasita a pris part à la prise de Bukavu par l’AFC-M23, donc nous ne voulons pas de sa présence à Uvira, comme toute la population d’Uvira", assure-t-il à TV5MONDE.
Ce rejet du général Gasita reflète un climat anti-Tutsi qui s’exacerbe dans l’est de la RDC. Nommé par Kinshasa, le général est chargé depuis le 1er septembre de superviser les services de renseignement à Uvira.
Les habitants d’Uvira en appellent au président
Ces tensions croissantes inquiètent les habitants d’Uvira, encore "traumatisés" par les affrontements de février 2025 avec le M23. Depuis, les Wazalendo se sont repliés dans la ville, une situation qui alarme John Rusagara, habitant d’Uvira: "Je soutiens les Wazalendo car lorsque l’ennemi a tenté d’entrer à Uvira avec l’aide des FARDC, j’ai tout vu. Les habitants d’Uvira restent traumatisés. Les “guépards”, les militaires des FARDC, ont commis beaucoup de dégâts. Jusqu’à présent, la population garde des psychoses dans la tête", confie-t-il à TV5MONDE.
En réaction, la société civile d’Uvira interpelle le président Félix Tshisekedi. "C’est à lui de voir. S’il veut que les Wazalendo se retournent contre les FARDC, il n'a qu'à laisser le commandant ici", explique André Byadunia, acteur de la société civile. "Mais s'il veut la paix, et que le M23 ne profite pas de cette cacophonie, il doit retirer ce commandant."
Contacté par TV5MONDE, le porte-parole des forces armées de la RDC à Uvira n’a pas souhaité répondre à nos demandes d’entretien.
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