Mali: Moussa Ag Acharatoumane, membre de la Commission Défense du Conseil national de transition, dénonce une "cabale médiatique"
Par TV5MONDE
Une armée malienne "de plus en plus dans l'offensive", soutenue par les pays de l'AES et de la Russie, des camions-citernes "de moins en moins attaqués", "pas une localité détenue par le JNIM". Pour TV5MONDE, Moussa Ag Acharatoumane, membre de la Commission Défense du Conseil National de Transition (CNT) au Mali, revient sur la situation sécuritaire du pays, où les pénuries de carburant perdurent et où les djihadistes du JNIM menacent de durcir le blocus.
Une armée malienne "de plus en plus dans l'offensive", soutenue par les pays de l'AES et de la Russie, des camions-citernes "de moins en moins attaqués", "pas une localité détenue par le JNIM". Pour TV5MONDE, Moussa Ag Acharatoumane, membre de la Commission Défense du Conseil National de Transition (CNT) au Mali, revient sur la situation sécuritaire du pays, où les pénuries de carburant perdurent et où les djihadistes du JNIM menacent de durcir le blocus.
Au Mali, les pénuries de carburant perdurent. Le blocus imposé depuis septembre par les djihadistes du JNIM, affiliés à al-Qaïda, sur les camions-citernes en provenance de la Côte d'Ivoire et du Sénégal - deux pays qui constituent les principales portes d'entrée du carburant dans le pays - continue de gripper l'économie malienne. Le groupe menace d'intensifier son action, affirmant que désormais tous les chauffeurs de camions-citernes seraient considérés comme des "cibles militaires".
À Bamako, la capitale malienne, de nombreuses stations-service sont toujours fermées et l'accès à l'électricité s'est encore dégradé cette semaine. La capitale connaît des files d'attentes interminable aux stations-service, une situation qui impacte fortement la population, excédée par ces pénuries. D'autres localités dans le pays sont encore plus durement touchées. Les autorités maliennes assurent que davantage de citernes de carburant entrent dans Bamako comparé à la période d'avant la crise.
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Interrogé sur cette situation par TV5MONDE, Moussa Ag Acharatoumane, membre de la Commission Défense du Conseil National de Transition (CNT) au Mali et figure du Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA), ancien groupe rebelle et désormais allié des militaires au pouvoir, reconnaît que le pays a connu "une situation difficile" mais "qui n'a pas duré au-delà de deux semaines".
"Une cabale médiatique"
"À la suite de cela, les autorités maliennes et surtout les Forces de défense et de sécurité se sont adaptées à la nouvelle menace et ont mis en œuvre un certain nombre de mesures pour essayer de permettre aux citernes de regagner Bamako. Il y a des opérations spéciales, conduites par des généraux de haut niveau, qui sont mises en place pour permettre à des camions-citernes de rentrer dans la capitale chaque 48h."
"C'est une crise que nous sommes en train de transcender de jour en jour."
Moussa Ag Acharatoumane, membre de la Commission Défense du Conseil National de Transition (CNT) au Mali et figure du Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA), ancien groupe rebelle
Samedi 22 novembre, plusieurs camions-citernes sont entrés dans la capitale depuis le Niger, rapporte Moussa Ag Acharatoumane. Il s'agit pour lui d'une preuve de la solidarité entre les pays de l'Alliance des États du Sahel (AES).
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Ces dernières semaines, plusieurs analyses ont fait état d'une possible chute de la capitale, Bamako. Pour Moussa Ag Acharatoumane, il s'agit d'"une cabale médiatique" contre son pays. "Il ne faut pas oublier que le Mali fait face au terrorisme depuis plus d'une dizaine d'années."
Concernant la défense face à la menace djihadiste, "l'acte I concernait la partie nord du Mali, l'acte II se concentrait sur le centre du pays. Et aujourd'hui nous en sommes à l'acte III, ce que j'appelle l'acte final. Ils (les djihadistes) sont arrivés dans le sud du pays car depuis 2023 l'armée malienne est de plus en plus dans l'offensive. C'est une armée qui se projette très loin, très haut et très fort partout sur l'ensemble de son territoire national."
"Pas une localité détenue par le JNIM"
Pour le membre du CNT, "il n'y a pas un centimètre de ce territoire national où l'armée n'est pas en mesure soit avec ses drones, soit avec ses hélicoptères, de frapper toutes les menaces terroristes, l'État islamique ou al-Qaida". Selon Moussa Ag Acharatoumane, "sur l'ensemble du territoire malien, il n'y a pas une localité qui est détenue par le JNIM".
(Re)voir Mali: face au blocus de Bamako, "il faut dialoguer avec les djihadistes du JNIM"
Face à l'offensive de l'armée malienne sur l'ensemble du territoire, "les djihadistes ont changé de méthode. Ils se sont métastasés comme ils n'arrivent plus à gérer de grandes villes au nord. Maintenant ils arrivent au sud du Mali, ils ont même traversé les frontières maliennes car maintenant cette menace est aussi au Bénin, au Burkina Faso, au Togo. Elle s'achemine aussi en Côte d'Ivoire. Le Sénégal et la Guinée ne sont aussi pas épargnés par cette menace".
Pour se dégager des pressions des groupes armés, les autorités maliennes "donnent des coups deux fois plus forts aux terroristes pour permettre l'acheminement des camions". "Grâce à ces opérations, ils sont de moins en moins attaqués", selon Moussa Ag Acharatoumane, citant l'exemple de citernes qui ont pu quitter le Niger et rentrer à Bamako sans être attaqués le 22 novembre.
Les Russes aux côtés des autorités maliennes
Interrogé sur la participation des alliés russes dans la sécurisation des camions-citernes, le membre du Conseil national de transition (CNT) a répondu que "les Russes sont des partenaires militaires qui participent à tout ce que nous faisons y compris à la sécurisation des axes. Mais ce qu'il faut mettre en avant, c'est que des opérations spéciales sont mises en place sur l'ensemble de ses axes pour traquer ces djihadistes là où ils se cachent. La dynamique ne consiste pas juste à escorter les camions-citernes pour arriver à Bamako. Le gros du travail est de traiter cette menace sur l'ensemble du territoire, notamment dans la région de Kita, de Sikasso, de Kayes".
(Re)voir Le Mali sous blocus djihadiste: que font les soldats russes dans le pays?
Les autres membres de l'AES apportent leur soutien au Mali, notamment par l'envoi de camions-citernes venant du Niger, selon Moussa Ag Acharatoumane. "L'AES c'est une réalité. Il s'agit de trois armées qui collaborent, notamment dans la région de Ménaka. Souvent l'armée malienne fait le travail de renseignement et par la suite ce sont des drones de Niamey ou Tahoua qui frappent des cibles sur le territoire malien ou burkinabé".
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