Procès Jubillar: place à l'enquête sur la nuit de la disparition de Delphine

Par AFP Par Valentin GRAFF, Eloi ROUYER © 2025 AFP

La cour d'assises du Tarn a commencé mardi après-midi à plonger dans le mystère de la disparition de Delphine Jubillar, en écoutant les premières gendarmes arrivées à son domicile lors de la nuit du 15 au 16 décembre 2020, des dépositions bousculées par la défense de l'accusé.
Les deux jeunes militaires en poste dans la zone de Cagnac-les-Mines (Tarn) avaient été dépêchées sur place peu avant 05h00 du matin le 16 décembre, à la suite d'un appel de Cédric Jubillar : il s'inquiétait de ne pas trouver son épouse à la maison, après avoir été réveillé par les pleurs de sa fille de 18 mois.
Ce qui était une "disparition inquiétante" est depuis devenu un dossier de "meurtre par conjoint", constatait factuellement l'une des deux gendarmes, au début de sa déposition face à la cour.
Sur place cette nuit-là, dans ce quartier résidentiel de cette petite ville proche d'Albi, les deux enquêtrices se sont entretenues avec l'accusé qui alternait "les moments de calme et d'autres où il semblait stressé", ont-elles rappelé.
Véhicule déplacé?
Mais la défense de Cédric Jubillar a choisi de s'attarder sur deux aspects particuliers, à ses yeux passés sous silence par les témoignages des deux agentes: la présence d'un "petit fourgon blanc" à proximité du domicile de la disparue, et un élément du témoignage de sa meilleure amie.
Me Emmanuelle Franck a ainsi rappelé que cette dernière avait dit en audition qu'il arrivait à Delphine "de se balader régulièrement à pied la nuit", un élément contredisant la thèse de l'accusation affirmant que Delphine avait peur du noir et ne sortait jamais seule la nuit.
Pas un mot sur le fourgon non plus, a déploré également Me Franck, ajoutant: "ni vous ni votre collègue, cela ne vous semble intéressant de mentionner ces deux éléments hyper importants devant la cour".
Et l'avocate de lancer: "Etes-vous briefées avant de venir devant nous?", sous-entendant que les gendarmes étaient préparées avant le procès pour déposer dans le sens de l'accusation. Les deux témoins ont évoqué, en réponse, l'existence, au sein de la gendarmerie, de formations générales dispensées pour la préparation d'une intervention aux assises.
Bienveillante
Plus tôt dans la journée, la cour avait consacré son audience à la personnalité de la disparue: une infirmière "timide" mais "très investie". Dévouée, bienveillante, "discrète" aussi, telle est apparue Delphine au fil du rapport d'un enquêteur de personnalité, salué par sa famille pour sa justesse.

Autre temps fort de l'audience, la déposition de l'administratrice des enfants du couple, mandatée par la justice pour défendre les intérêts de Louis, 11 ans, et Elyah, 6 ans.
L'aîné, qui avait 6 ans au moment des faits, est un enfant "taiseux", "très, très en colère" contre son père, qu'il juge responsable de la disparition de sa mère, a-t-elle expliqué. Et quand elle a abordé le procès avec les enfants, leur demandant ce qu'ils souhaitaient dire à leur père, sa sœur, qui n'avait que 18 mois lors du drame, a spontanément dit qu'elle l'aimait et demandé "de dire si sa maman est vivante ou pas".
"Il va falloir qu'ils essaient d'avancer avec ce traumatisme et la première personne qui peut les amener à bien évoluer, c'est vous, M. Jubillar, en répondant à leurs questions", a-t-elle exhorté, en se tournant vers l'accusé qui, depuis son box, a opiné de la tête, en signe d'approbation.Lundi, à l'ouverture du procès, il avait une nouvelle fois clamé son innocence. "Je conteste toujours les faits qui me sont reprochés", a-t-il assuré.
Ce peintre-plaquiste de 38 ans, détenu depuis juin 2021, dément avoir tué celle qui était sa compagne depuis leurs 18 ans et qui lui avait annoncé sa volonté de divorcer.
Le verdict est attendu le 17 octobre.
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