Salvatore Adamo, plus de 60 ans de carrière et "des rêves à n'en plus finir"
Par AFP Par Jean-François GUYOT © 2025 AFP
A 82 ans et plus de 100 millions de disques vendus, Salvatore Adamo reprend la route, avec une tournée française et internationale et un nouvel album qui se penche sur la marche du monde et le temps qui passe.
L'auteur, compositeur et interprète de "Tombe la neige", "C'est ma vie" ou "Les Filles du bord de mer", dans le club restreint des chanteurs ayant vendu plus de 100 millions de disques, aime se définir comme un "naïf lucide", dans un entretien à l'AFP.
QUESTION: A quoi font référence "Des nèfles et des groseilles", titre de votre dernier album?
REPONSE: "La nostalgie de ces nèfles et des groseilles qu'on piquait, enfants, dans les jardins des voisins qui fermaient les yeux... Des souvenirs sucrés, et plein de choses qu'on ne voit plus aujourd'hui. Je voulais évoquer des choses de l’enfance qu’on a perdues avec les réseaux sociaux. C'est un peu naïf et candide... J'ai trouvé ma formule: je suis un naïf lucide!"
Q: Comment est né cet album fleuve de 25 titres?
R: "J'ai eu un pépin de santé, donc j'ai dû me reposer six mois. J'ai écrit toutes ces chansons qui sont venues à moi. Il y a un rapport particulier aux chansons que j'écris, qui est difficile à expliquer. Je ne les cherche plus: les chansons viennent à moi, comme ça... Des fulgurances, même quand je dors. Cela me réveille même! Avec ce double album, j'ai l'impression d'avoir dit tout ce que j'avais encore à dire, jusqu'à présent. J'espère avoir d'autres choses à dire plus tard."
Q: Dans la chanson "Ma belle jeunesse", vous évoquez "des rêves à n'en plus finir". Quels sont-ils?
R: "Des rêves pas forcément dirigés vers moi. J'ai des enfants, j'ai des petits-enfants. Les temps que nous vivons sont très crispants... Et donc, pour mon petit cercle au départ, et puis en l'élargissant, j'ai des rêves de paix. Donc, pour ma famille et pour les Terriens, si j'ose dire, oui, j'ai des rêves à n'en plus finir!"
Q: Vous fêtez plus de 62 ans de carrière et des générations de fans. Que ressentez-vous?
R: "Je suis conscient du privilège. Pouvoir continuer à vivre en faisant ce que j'aime, je le souhaite à tout le monde! Tout ce que j'espère c'est me retirer au bon moment et ne pas attendre qu'on me dise +Salvatore, il vaut mieux que tu t'en ailles sur la pointe des pieds, ça devient un peu pénible+. Je compte d'abord sur ma famille et des amis qui auront cette franchise de m'avertir si ça arrive... De moi-même, je ne pense pas que je m'en rendrai compte, donc il faudra me pousser hors de scène!"
Q: Vous êtes en pleine tournée française et internationale. La scène, c'est là que vous vous sentez le mieux?
R: "C'est sur la scène, en tant que chanteur du moins, qu'on existe le plus. Il y a un petit miracle tous les soirs: quand vous faites le premier pas sur scène, quel que soit votre état de santé, vous lévitez. Le public vous porte. Et ses applaudissements, c'est un baume extraordinaire, unique."
Q: En 1967, après un voyage en Israël, vous avez écrit la chanson "Inch'Allah" sur la situation déjà difficile dans la région...
R: "Les derniers événements me troublent... Je la chante toujours sur scène mais je la fais précéder de l'extrait d'une chanson qui s'appelle +Mon douloureux Orient+ dans laquelle j'évoque la souffrance aussi du côté palestinien. Je dis +il est temps de briser ce sortilège qui vous vole vos enfants, cet effroyable piège, œil pour œil, dent pour dent+".
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