Zimbabwe: des incendies visent l'opposition, qui dénonce le "terrorisme" du pouvoir
Par AFP © 2025 AFP
Des groupes de la société civile et de l'opposition au Zimbabwe ont dénoncé mardi comme étant du "terrorisme" plusieurs attaques contre des événements contestant le projet de prolongation jusqu'en 2030 du mandat du président Emmerson Mnangagwa arrivé au pouvoir en 2017 à la faveur d'un coup d'Etat.
Le Zanu-PF, au pouvoir depuis l'indépendance de ce pays d'Afrique australe en 1980, a annoncé ce mois-ci soutenir des modifications constitutionnelles pour permettre une extension de deux ans du mandat d'Emmerson Mnangagwa, ce qui alimente les craintes d'une accentuation de l'autoritarisme et rappelle les années Robert Mugabe, président pendant plus de 30 ans.
Les militants opposés à l'"agenda 2030" --le nom de cette initiative-- devaient tenir des conférences de presse à Harare et Bulawayo mardi, avant le discours annuel sur l'état de la nation du président.
Mais le lieu de l'événement dans la capitale, à savoir les locaux de l'ONG Southern African Political Economy Series (Sapes) Trust, a été attaqué par des "incendiaires" pendant la nuit, selon le directeur du Sapes, Ibbo Mandaza.
Un agent de sécurité a rapporté qu'une dizaine de personnes ont attaqué le site peu après minuit, a-t-il déclaré aux médias.
"Ils l'ont embarqué dans un véhicule, l'ont bâillonné. Il n'a pas vu le reste mais juste entendu les explosions. Une bombe incendiaire a été lancée dans la salle de séminaire", a affirmé Ibbo Mandaza.
La maison du militant Gilbert Bgwende, membre du Forum de Défense Constitutionnelle, a également été incendiée peu après.
Quant à une conférence de presse à Bulawayo, la deuxième plus grande ville du pays, elle a également été annulée après que le lieu a été "littéralement bouclé par des membres des services de sécurité de l'État et des miliciens", selon l'organisateur Prince Dubeko Sibanda.
Les attaques du régime contre le Sapes Trust et la maison du défenseur de la Constitution Gilbert Bgwende sont un acte de terrorisme désespéré en plein jour", a dénoncé sur les réseaux sociaux le renommé avocat Tendai Biti.
"La paranoïa, la violence et la psychose du régime sont inacceptables", a-t-il accusé. "Cela ne stoppera ni n'empêchera notre résistance."
L'ancien parlementaire de l'opposition et critique virulent du gouvernement Job Sikhala a estimé que les attaques montraient une "dictature en panique".
Élu en 2018 puis réélu en 2023, Emmerson Mnangagwa est accusé par ses contempteurs de laisser prospérer la corruption et de réprimer les droits humains, sans que la situation des Zimbabwéens ne s'améliore avec une inflation annuelle quasiment toujours à trois chiffres de 2019 à 2024.
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