Devenir Français, c'est "la reconnaissance de quelque chose qui fait partie de ma vie", assure Ken Follett
Par AFP Par Adam PLOWRIGHT © 2025 AFP
Véritable amoureux de la France, l'auteur britannique de best-sellers Ken Follett vient tout juste d'être naturalisé Français, un choix qu'il présente comme l'aboutissement d'une passion pour la culture hexagonale et un geste contre le repli nationaliste post-Brexit.
"C'est vraiment la reconnaissance de quelque chose qui a toujours fait partie de ma vie, l'amour que je porte à ce pays et à sa culture", a confié à l'AFP l'écrivain gallois de 76 ans, à l'occasion de la promotion à Paris de son dernier roman "Le Cercle des jours" (éditions Robert Laffont), une fresque de plus de 600 pages consacrée à Stonehenge.
Le romancier est officiellement devenu citoyen français le 13 novembre lors d'une cérémonie à Londres, au cours de laquelle il a également reçu les insignes d'officier de la Légion d'honneur.
Son attachement pour la France s'est construit au fil des années et de ses nombreux séjours. Jeune homme, Ken Follett découvre un art de vivre qui le séduit.
Les Français "mangent bien et boivent souvent du vin, mais rarement trop, ce qui est une très bonne façon de faire. Et ils discutent de sujets intellectuels à la moindre occasion", souligne l'auteur qui a vécu quelques années sur la Côte d'Azur.
"Au Royaume-Uni et aux États-Unis, les gens ne veulent pas parler de philosophie, ils préfèrent parler de football. Il n'y a rien de mal à cela, mais j'apprécie beaucoup quand nous discutons d'existentialisme ou de l'existence de Dieu, et ce genre de choses", poursuit-il.
Tourner le dos au nationalisme
Ken Follett ne renie pas pour autant ses racines. "Je ne veux certainement pas renoncer à mon identité de Gallois et de Britannique, mais je déteste le Brexit et le genre d'attitudes qui vont avec", assure l'auteur, longtemps figure influente de la gauche britannique.
"Ce à quoi je tourne le dos, c'est le nationalisme", insiste-t-il. "C'est cela que je veux laisser derrière moi, pas le fait d'être Britannique, afin d'embrasser quelque chose que j'ai aimé toute ma vie."
Ancien journaliste, Ken Follett se consacre à la littérature depuis la fin des années 1970. De "L'Arme à l'œil" à la saga mondialement célèbre des "Piliers de la Terre", son mélange de thrillers haletants et de fresques historiques a fait de lui l'un des auteurs les plus lus de sa génération.
Dans "Le Cercle des jours", il imagine la construction de Stonehenge, le mystérieux cercle de pierres préhistoriques du sud de l'Angleterre qui continue de fasciner les chercheurs.
Contrairement à ses romans centrés sur le Moyen-Âge ou le XXᵉ siècle, l'auteur a dû, cette fois, inventer presque entièrement la vie telle qu'elle pouvait être en 2500 av. J.-C.
Après avoir exploré une si vaste part de l'histoire humaine au fil de ses recherches, Follett est souvent interrogé sur les meilleures et les pires époques. Il répond en général qu'il n'y a jamais eu de meilleur moment que le présent.
Mais il admet que le doute s'installe, face à la montée du nationalisme d'extrême droite en Europe et aux États-Unis et à un certain relâchement face aux menaces autoritaires.
"C'est l'époque la plus confortable pour vivre, mais elle est plus en danger aujourd'hui qu'elle ne l'a été pendant la majeure partie de ma vie."
L'angoisse de "la page terne"
Malgré ses 38 livres vendus à 200 millions d'exemplaires à travers le monde, le septuagénaire assure qu'il éprouve toujours le même enthousiasme et les mêmes angoisses qu'à ses débuts.
"Il ne peut y avoir de passages ennuyeux dans mes livres", dit-il notamment. "S'il y a une page un peu terne, et que des millions de gens vont la trouver terne, ils vont perdre de l'intérêt."
Ce perfectionniste autoproclamé a ainsi mis au point une méthode d'écriture rigoureuse: il relit chaque matin son travail de la veille, retape entièrement son premier jet, puis soumet le manuscrit à une douzaine de proches et à des historiens chargés de traquer les erreurs.
Pour autant, il n'est pas prêt à s'arrêter. "C'est trop intéressant pour que j'abandonne", assure-t-il.
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