En Islande, la première grève des femmes fête ses 50 ans
Par Terriennes
Par Isabelle Mourgere
Le 25 octobre 1975, 90% des Islandaises ont cessé toute activité professionnelle et domestique. Résultat : écoles fermées, usines à l’arrêt, services paralysés… Ce mouvement sans précédent a marqué un tournant dans l’histoire du pays et des mouvements féministes.
Le 25 octobre 1975, 90% des Islandaises ont cessé toute activité professionnelle et domestique. Résultat : écoles fermées, usines à l’arrêt, services paralysés… Ce mouvement sans précédent a marqué un tournant dans l’histoire du pays et des mouvements féministes.
C'est le jour du "Kvennaverkfall" (traduire: Jour de congé des femmes, ndlr). Il y a cinquante ans, des milliers de femmes "arrêtaient tout". Première grève des femmes de l'histoire, ce mouvement a ouvert la voie à une société islandaise parmi les plus égalitaires au monde.
Pour preuve: l’Islande occupe la première place du classement mondial de l’égalité femmes-hommes établi par le Forum économique mondial et cela depuis 16 ans.
C’est le seul pays à avoir comblé plus de 90 % de son écart entre les sexes, grâce à des mesures fortes, tels que le congé parental équitable, la garde d’enfants accessible ou encore la loi imposant l’égalité salariale depuis 2018.
En 2025, les femmes représentent 53,2% du Parlement, contre seulement trois députées en 1975.
Notre article Octobre 1975, le jour où les Islandaises se mirent en grève
Un tournant historique pour les femmes et les hommes
En 1980, Vigdís Finnbogadóttir marque l’histoire en devenant la première femme élue démocratiquement présidente d’un pays. Engagée pour la langue, la culture et les droits des femmes, elle a ouvert la voie à toute une génération.
Les femmes ont alors pris conscience que leur contribution à la société islandaise était essentielle. Sans elles, cette société ne pouvait pas fonctionner. Guðrún Hallgrímsdóttir, ancienne députée
"Je me souviens être montée sur scène et d’avoir vu cette foule de femmes descendre les rues", se rappelle Guðrún Hallgrímsdóttir, l’une des fondatrices du mouvement féministe islandais des Redstockings ("les chaussettes rouges", ndlr)et ancienne députée.
"Elles chantaient, elles criaient, elles brandissaient des pancartes. Les femmes ont alors pris conscience que leur contribution à la société islandaise était essentielle. Sans elles, cette société ne pouvait pas fonctionner", se remémore la militante.
2023 : mobilisation monstre
En 2023, près de 100 000 personnes ont défilé dans les rues de Reikjavik à l'occasion du 25 octobre, une mobilisation historique pour ce pays de 370.000 habitants. La Première ministre Katrín Jakobsdóttir a fait partie du cortège.
(Re)lire Islandaises en grève : jusqu'au bout de l'égalité
Cette grève des femmes avait été fortement suivie, une première depuis le mouvement d'origine, 48 ans plus tôt.
D'autres pays ont depuis mis en place à leur tour leur grève des femmes, sur le continent africain et en Suisse.
50 ans après, toujours des inégalités
Pour marquer cet anniversaire historique, les Islandaises participent à une nouvelle grève des femmes ce vendredi 24 octobre 2025 pour rendre hommage au courage de celles qui ont manifesté il y a cinquante ans.
L'occasion aussi de rappeler que la lutte continue: pour une rémunération équitable, un partage des responsabilités familiales, la sécurité et une représentation égale dans la société.
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