Deux journalistes ukrainiens tués par un drone russe à Kramatorsk
Par TV5MONDE avec agences
Deux journalistes ukrainiens de la chaîne publique Freedom TV, Aliona Gramova et Evguen Karmazine, ont été tués jeudi 23 octobre, dans une attaque de drone russe à Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine, selon leur média. Un troisième journaliste, Alexandre Kolichev, a été blessé et hospitalisé.
Deux journalistes ukrainiens de la chaîne publique Freedom TV, Aliona Gramova et Evguen Karmazine, ont été tués jeudi 23 octobre, dans une attaque de drone russe à Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine, selon leur média. Un troisième journaliste, Alexandre Kolichev, a été blessé et hospitalisé.
Aliona Gramova et Evguen Karmazine, tous deux journalistes ukrainiens de la chaîne publique Freedom TV, ont été tués par l'attaque d'un drone russe à Kramatorsk dans l'est de l'Ukraine alors qu'ils se trouvaient à une station service à l'intérieur d'une voiture, dont les autorités locales ont publié des images de la carcasse carbonisée.
Selon le gouverneur de la région de Donetsk, Vadym Filachkine, les journalistes ont été touchés par un drone Lancet, coûteux et puissant, souvent utilisé contre les chars et les véhicules blindés.
Le parquet général a déclaré avoir ouvert une enquête pour crimes de guerre. Il a également publié une photo d'une voiture rouge détruite et l'image de deux gilets pare-balles marqués “presse” dans le coffre.
Sur X, le président ukrainien Volodomyr Zelensky a dénoncé “une stratégie délibérée de la Russie visant à faire taire toutes les voix indépendantes".
Russia continues to attack, kill, and injure journalists who are covering its war against Ukraine.
— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) October 23, 2025
Today in Kramatorsk, a Russian drone directly struck a car with Ukrainian “Freedom” TV reporters, killing journalist Olena Hubanova and cameraman Yevhen Karmazin, and severely… pic.twitter.com/l7FRMrfwUy
Il a également rappelé que 135 professionnels des médias ont été tués depuis le début de la guerre, selon les chiffres avancés par l’Ukraine.
Le médiateur pour les droits de l’homme, Dmytro Lubinets, a qualifié cette attaque de “nouvelle preuve des crimes de guerre systématiques commis par la Russie contre les civils”.
Kramatorsk, grande ville du Donbass encore sous contrôle ukrainien
Freedom TV est une chaîne publique diffusant en russe. Elle a salué la mémoire de ses deux collaborateurs. Aliona Gramova, 43 ans, ancienne cadre dans la finance reconvertie dans le journalisme de terrain, travaillait depuis 2021 pour des médias publics ukrainiens. Elle "a travaillé sans relâche dans les endroits les plus risqués (...) racontant au monde la vérité sur la manière dont l'armée russe détruisait sa région natale de Donetsk", raconte Freedom TV. Originaire de Kramatorsk, Evguen Karmazine, 33 ans, était caméraman depuis 2022.
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L'ONG Reporters sans frontières (RSF) appelle à une "enquête claire et rapide pour déterminer toutes les circonstances de l'attaque", a indiqué sa porte-parole Pauline Maufrais.
Kramatorsk, ville d’environ 150.000 habitants avant la guerre, est située à une vingtaine de kilomètres de la ligne de front. C’est l’une des dernières grandes villes du Donbass toujours sous contrôle ukrainien. Les autorités ukrainiennes y ont lancé début octobre les premières évacuations de civils face à l’intensification des frappes russes dans la région.
Cette attaque s’ajoute à une série d’attaques meurtrières visant la presse depuis le début du conflit. D’après Reporters sans frontières (RSF), ce sont au moins 14 journalistes qui ont été tués par l’armée russe depuis février 2022. Le dernier en date était le journaliste français Antoni Lallican. Parmi eux, le journaliste vidéo de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine par une frappe de roquettes en 2023.
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L’Unesco en dénombre au moins 23 des deux côtés de la ligne de front.
La prolifération des drones, utilisés par les deux camps, rend aujourd’hui le travail des journalistes en zone de guerre encore plus dangereux et imprévisible.
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