Cameroun : la colère monte, l'opposition dénonce des fraudes électorales

Le climat politique s’alourdit au Cameroun à la suite de l’élection présidentielle du 12 octobre, entachée d’allégations de fraude.
Jeudi, le parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), a déclaré qu’un de ses bureaux à Dschang avait été incendié. Des vidéos de l’incident, survenu mercredi soir, circulent largement sur les réseaux sociaux. Le secrétaire général du parti, Jean Nkuete, a annoncé des poursuites judiciaires contre les responsables présumés.
Ces tensions font suite à la déclaration de victoire du candidat de l’opposition Issa Tchiroma Bakary, qui a exhorté le président sortant Paul Biya, 92 ans et doyen des chefs d’État en exercice, à reconnaître sa défaite. Le camp Biya a rejeté cette revendication, l’accusant de chercher à perturber le processus électoral. La Cour constitutionnelle doit proclamer les résultats définitifs d’ici le 26 octobre.
Mercredi, M. Tchiroma a dénoncé des fraudes, notamment des tentatives de bourrage d’urnes, appuyé par des rapports d’irrégularités émis par des organisations de la société civile.
Des manifestations ont éclaté mercredi soir dans plusieurs villes, notamment à Douala, où des barricades ont été dressées et incendiées. Les forces de l’ordre ont dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Aucun mort ni blessé n’a été signalé, mais une vingtaine de personnes ont été arrêtées pour avoir tenté de pénétrer de force dans les locaux d’Elections Cameroon (ELECAM).
Le préfet du Wouri, Sylyac Marie Mvogo, a appelé au respect des institutions, déclarant : « Nous ne voulons pas que les gens se fassent justice eux-mêmes. »
Malgré une opposition dispersée onze candidats en lice et l’interdiction faite à un rival majeur de se présenter , la candidature de Tchiroma, ancien ministre de Biya rallié à l’opposition, a mobilisé d’importants soutiens populaires.
Au pouvoir depuis 1982, Paul Biya est le deuxième président du Cameroun depuis son indépendance. Son long règne a été marqué par une corruption persistante, un conflit sécessionniste dans l’Ouest et un développement freiné malgré les ressources naturelles abondantes du pays.
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