"Récupérer chaque portion de notre territoire": la RD Congo va consacrer 30% de son budget à la défense et à la sécurité
Par TV5MONDE
La Première ministre congolaise Judith Suminwa a présenté le 18 novembre le projet de loi de finances du budget fédéral à l’Assemblée nationale. Dans un contexte sécuritaire encore très difficile dans l'est du pays, malgré la signature de l'accord-cadre à Doha avec le M23, l'exécutif congolais veut consacrer aux forces de défense et de sécurité un peu plus de 30% du budget fédéral.
La Première ministre congolaise Judith Suminwa a présenté le 18 novembre le projet de loi de finances du budget fédéral à l’Assemblée nationale. Dans un contexte sécuritaire encore très difficile dans l'est du pays, malgré la signature de l'accord-cadre à Doha avec le M23, l'exécutif congolais veut consacrer aux forces de défense et de sécurité un peu plus de 30% du budget fédéral.
"Le gouvernement demeure fermement déterminé à récupérer chaque portion du territoire national passée entre les mains de l’ennemi." Les premiers mots du discours de la Première ministre de RD Congo, Judith Suminwa, annonçaient la couleur. L'effort budgétaire alloué aux Forces de défense et de sécurité va désormais représenter près d'un tiers du budget fédéral.
La priorité, pour la cheffe du gouvernement, est d'armer et de mieux équiper les troupes face aux groupes armés dans l'est du pays et surtout face aux rebelles du M23, soutenu selon l'ONU par le Rwanda, ce que Kigali nie.
(Re)lireRD Congo: ce que contient l'accord-cadre de Doha entre Kinshasa et le M23
L'accent mis dans la formation
Les sommes allouées désormais à la défense et à la sécurité dans la loi de finances 2026 atteignent presque les 12 milliards de francs congolais. C'est deux fois le budget de l'éducation. Le budget 2026 repose sur cinq grands axes, parmi lesquels la sécurité et la défense (11.896 milliards FC), le développement économique, les infrastructures, l’agriculture et l’industrie (11.972 milliards FC).
L’éducation, notamment la gratuité scolaire, reçoit 6.657 milliards FC, la santé universelle 5.579 milliards FC, et la protection sociale 1.211 milliards FC. En 2025, la part de la défense, de la sécurité publique et de la justice dans le budget avait déjà augmenté de 25% pour atteindre 13,12% du budget. La loi de finance 2026 prévoit un effort budgétaire constant jusqu'en 2028.
L'accent selon le gouvernement sera mis dans la formation des militaires, des officiers, des sous-officiers. Le fléchage des dépenses militaires comporte toujours selon le gouvernement la construction, la réhabilitation et l’entretien des infrastructures militaires.
Faiblesse des forces armées
Ces augmentations interviennent au moment où une partie de la classe politique congolaise a pris conscience de l'état des forces armées du pays au lendemain de la chute de Goma, capitale du nord-Kivu prise par les forces du M23 en janvier 2025.
En juin 2025, une commission d'enquête a été mise en place par deux sénateurs pour tenter d'expliquer la déroute des forces armées. Le rapport de 31 pages pointait entre autres: le manque de ressources, des stratégies militaires inadaptées, le faible encadrement des Wazalendo, ces forces supplétives aux forces armées régulières.
Le budget alloué pour l'instant aux forces armées en 2023 avoisinait déjà les 800 millions de dollars et plaçait la RD Congo dans les 10 premiers budgets militaire du continent. L'armée régulière compte quelque 135 000 hommes.
Le budget fédéral 2026 est lui en augmentation de 16%. Ces augmentation de l'effort intervient au moment où les combats se poursuivent dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), malgré la signature, ce 15 novembre 2025 à Doha, d’un accord-cadre entre les délégués du gouvernement congolais et ceux de l'AFC-M23.
L'armée congolaise a confirmé le 19 novembre la perte de Katoyi, une localité dans le Nord-Kivu, prise par les forces de l'AFC-M23 après une journée de combats. Les forces du M23 cherchent à atteindre la ville de Ntongo, à 40 kilomètres de Katoyi, où se trouve une importante base de l'armée congolaise.
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