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Menaces américaines contre les entreprises européennes : l’impact pourrait être limité

Business • Dec 22, 2025, 6:02 AM
11 min de lecture
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Le bureau du Représentant américain au commerce (USTR) a publié la semaine dernière sur X une liste de prestataires européens de services susceptibles d’être sanctionnés si l’Union européenne maintient des mesures discriminatoires contre les entreprises technologiques américaines.

Selon cette déclaration, les États-Unis envisageraient d’introduire des frais et d’autres restrictions sur des services étrangers si l’Union européenne et les États membres « persistent à restreindre, limiter et décourager la compétitivité des prestataires de services américains par des moyens discriminatoires ».

Pourquoi le message américain ne passe-t-il pas auprès des Européens ?

Le ressentiment américain est compréhensible, puisque les États-Unis affichent actuellement un excédent des échanges de services avec l’UE de plus de 148 milliards d’euros (incluant les redevances de propriété intellectuelle, les services professionnels, scientifiques et techniques, ainsi que les services de télécommunications, informatiques et d’information).

De plus, le cadre réglementaire européen, actuel et à venir, risque de compliquer la vie des entreprises technologiques américaines sur le marché européen.

Pourtant, le point de vue américain et les derniers éléments d’argumentation suscitent peu, voire pas du tout, d’adhésion dans l’UE. La réaction peut même être négative, donnant du courage aux véritables anti-américains et réduisant au silence les modérés, ainsi que les transatlanticistes.

Premièrement, confondre la position réglementaire de l’UE sur la tech avec des messages géopolitiques, et utiliser une rhétorique virulente contre l’UE dans son ensemble (comme on l’a vu dans de récents publications d’Elon Musk), peut radicaliser les modérés européens, y compris ceux qui partagent des préoccupations sur la sur-réglementation, et est souvent perçu comme une menace géopolitique. Lorsqu’un responsable russe comme Dmitri Medvedev reprend les opinions d’un dirigeant américain de la tech, ce n’est pas du meilleur effet, c’est le moins qu’on puisse dire.

Le tweet d'Elon Musk juste après l'amence infligée à X par l'UE
Le tweet d'Elon Musk juste après l'amence infligée à X par l'UE capture image : X.com

Deuxièmement, lorsque les États-Unis parlent d’instaurer des mesures de rétorsion contre les entreprises technologiques de l’UE, cela peut renforcer des forces politiques qui réclament des actions plus dures contre les sociétés américaines, notamment des amendes, des cessions et de nouveaux impôts. L’agenda 2025-2029 de la Commission européenne comprend plusieurs nouvelles initiatives en préparation, et elles sont le plus efficacement équilibrées par des acteurs perçus comme libéraux classiques ou conservateurs.

Troisièmement, le message politique américain est parfois très calibré pour le public intérieur et est perçu comme inexact en Europe. Par exemple, la récente amende de 120 millions d’euros contre X a été présentée par de nombreuses personnalités publiques américaines comme une attaque contre la liberté d’expression, alors que ces amendes ont peu à voir avec la liberté d’expression.

L’entreprise a été sanctionnée pour « système trompeur de badge bleu de vérification, registre publicitaire insuffisant, accès aux données limité pour les chercheurs ». Une sur-réglementation frustrante ? Certainement. Un lien avec la liberté d’expression ? Peu probable.

Employer un message simple et percutant se comprend, mais pour trouver un écho en Europe, il doit aussi être plus précis et clairement lié au fond du sujet.

Quatrièmement, en mettant en avant le système réglementaire européen et le soi-disant « effet Bruxelles », les Américains peuvent involontairement inciter d’autres régions du monde à y voir un levier utile contre les États-Unis.

Les devoirs sont-ils faits après l’accord commercial États-Unis-UE ?

La situation semblait un peu meilleure en août 2025, lorsque les États-Unis et l’UE ont signé un accord commercial États-Unis-UE. Il semblait que des conversations davantage centrées sur les sujets allaient enfin commencer, puisque l’article 8 précise l’engagement des deux parties à « réduire ou éliminer les barrières non tarifaires », et l’article 17 énonce un engagement États-Unis-UE à mieux s’attaquer aux « barrières injustifiées au commerce numérique ».

La question, désormais, est de savoir si le travail de suivi après l’accord est réellement effectué. Malheureusement, cette question paraît largement rhétorique.

Naturellement, les États-Unis devraient se concentrer non seulement sur les réglementations existantes, comme le Digital Markets Act (DMA), le Digital Services Act (DSA) et l’AI Act, mais aussi sur les risques de l’agenda à venir, via des initiatives telles que le Digital Fairness Act, qui pourrait remodeler de manière significative le marché de la publicité personnalisée.

Il sera trop tard pour agir une fois ces réglementations adoptées ; l’expérience du DSA, du DMA et de l’AI Act montre qu’il est impossible de simplement annuler un texte une fois adopté ; le travail doit donc être fait en temps utile.

Quelles entreprises européennes sont concernées ?

Les entreprises européennes mentionnées comme cibles sont Accenture (dont le siège est en Irlande), Amadeus (dont le siège est en Espagne), SAP, Siemens et DHL (dont le siège est en Allemagne), Capgemini, Mistral AI et Publicis (dont le siège est en France), ainsi que Spotify (dont le siège est en Suède).

Pourquoi ces entreprises sont ciblées, et pas d’autres, reste un mystère. Certains prestataires européens de services (y compris des sociétés de technologie) ont été laissés de côté ; certaines des entreprises nommées ont des partenariats profondément ancrés avec des acteurs de la tech américaine, et certaines se sont largement alignées sur la position américaine face à la sur-réglementation de la tech par l’UE.

En juillet, par exemple, le PDG de SAP, Christian Klein, a souligné que l’Europe ne devait pas chercher à se mesurer directement aux États-Unis, mais plutôt miser sur ses forces et des niches : « Je n’entrerais pas en concurrence avec les entreprises qui ont fait un excellent travail, comme les États-Unis ou la Chine. La course à l’IA n’est pas encore décidée sur la couche logicielle. La demande y est énorme. »

Mistral AI, pour sa part, a compté parmi les critiques les plus virulents lors du débat sur l’AI Act au Parlement européen.

Siemens, avec SAP, a appelé en juillet à une révision de l’AI Act.

La sur-réglementation est aussi un problème pour les Européens

Présenter les règles technologiques de l’UE comme un problème uniquement pour les entreprises américaines est à la fois inexact et dommageable. La sur-réglementation du secteur technologique est aussi un enjeu majeur pour les entreprises européennes et leur compétitivité.

Mario Draghi lui-même a affirmé que le Règlement général sur la protection des données (RGPD) rend à lui seul les données 20 % plus coûteuses pour les fondateurs européens que pour les américains.

Les règles de l’UE visant les très grandes plateformes en ligne (VLOPs), telles que le DSA, le DMA et d’autres, vont bientôt devenir un problème pour de nombreuses entreprises européennes de la tech, licornes incluses. En grandissant, elles seront probablement soumises aux mêmes contrôles que les entreprises américaines.

L’UE avance enfin dans la bonne direction avec la simplification dite Digital Omnibus, qui vise à rationaliser les règles relatives aux données, l’AI Act, et plus encore.

Pour beaucoup d’Européens, simplifier le régime réglementaire de l’UE en matière de tech (et réduire plus largement la réglementation) est considéré comme nécessaire à la compétitivité européenne, ce qui rejoint ce que les États-Unis défendent de longue date.

Cet article a d’abord été publié sur EU Tech Loop et a été partagé sur Euronews dans le cadre d’un accord avec EU Tech Loop.

Ce texte a été traduit avec l’aide de l’intelligence artificielle. Signaler un problème : [feedback-articles-fr@euronews.com].


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