Royaume-Uni : l'extrême-droite organise des manifestations contre les demandeurs d'asile

Par Lorène Bienvenu


Des manifestations xénophobes agitent de nombreuses villes britanniques depuis quelques semaines. Le mouvement, soutenu par des figures de l’extrême droite, s’en prend aux demandeurs d’asile logés temporairement dans des hôtels. Des contre-manifestations se sont organisées en réaction.

Des manifestations xénophobes agitent de nombreuses villes britanniques depuis quelques semaines. Le mouvement, soutenu par des figures de l’extrême droite, s’en prend aux demandeurs d’asile logés temporairement dans des hôtels. Des contre-manifestations se sont organisées en réaction.
À Londres, Bristol, Liverpool et plusieurs villes dans l’ensemble du Royaume-Uni, des manifestants se sont réunis vendredi 22 et samedi 23 août, pour protester contre des hôtels qui abritent temporairement des demandeurs d’asile.
Plusieurs centaines de contre-manifestants se sont mobilisées en réaction, ce week-end, dans plusieurs villes. À Bristol, la police montée a été déployée pour séparer les groupes rivaux. Des affrontements ont eu lieu entre les forces de l'ordre et les manifestants.
Les groupes anti-immigration doivent à nouveau manifester, dimanche 24 août, sous le slogan "Abolissons le système d'asile".
Le mouvement prend de l’ampleur depuis plusieurs semaines : depuis la mi-juillet, la ville d’Epping au nord de Londres, est le théâtre de manifestations régulières et parfois violentes devant l'un de ces établissements. Ces manifestations ont démarré après l'inculpation d'un demandeur d’asile accusé d'avoir tenté d'embrasser une adolescente de 14 ans, ce qu'il nie.
La situation s’est ensuite enflammée avec une décision rendue, mardi 19 août, par la Haute Cour qui a interdit à cet hôtel d'héberger des demandeurs d'asile. Le gouvernement de Keir Starmer a fait appel et certaines autorités locales ont également déclaré qu'elles envisageaient d'intenter des recours juridiques.
Les manifestations anti-immigrations sont encouragées par des membres de l’extrême droite anglaise. Nigel Farage, chef du parti anti-immigration Reform UK, a appelé les Britanniques à "organiser des manifestations pacifiques devant les hôtels hébergeant des migrants" et à "mettre la pression" sur les conseils locaux pour qu'ils demandent en justice l'expulsion des migrants de ces établissements, dans une tribune dans le Daily Telegraph, mardi 19 août. "Nous en avons tous assez", a écrit le chef de ce parti en tête dans les sondages au Royaume-Uni.
51 000 demandes d'asile en attente d'examen
Des membres du parti Homeland, un parti nationaliste d'extrême droite issu d'une scission du Patriotic Alternative, contribuent aussi à organiser ces manifestations, selon une série de publications et de groupes Facebook créés ces dernières semaines. Selon la presse britannique, ils auraient créé plusieurs groupes en ligne dans le but de propager les manifestations qui ont commencé à Epping il y a quelques semaines.

Le gouvernement britannique a promis, dimanche 24 août, d'accélérer le traitement des procédures d'appel des demandeurs d’asile. La ministre de l'Intérieur Yvette Cooper a déclaré dans un communiqué que les délais de traitement des appels étaient "totalement inacceptables", et a annoncé la création d'un organisme indépendant pour seconder les tribunaux.
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Quelque 51 000 appels de demandes d'asile sont actuellement en attente d'examen, avec plus d'un an en moyenne avant le rendu d'une décision, a indiqué le gouvernement. Yvette Cooper a réaffirmé sa détermination à "réduire considérablement le nombre de personnes dans le système d'asile (...) pour mettre fin à l'utilisation d'hôtels pour les accueillir", à horizon 2029.
Fin juin, 32 059 demandeurs d'asile étaient logés dans des hôtels, le gouvernement répondant à une obligation légale de leur fournir un hébergement le temps de l'examen de leur dossier. 111 084 personnes ont demandé l'asile sur la période allant de juin 2024 à juin 2025, soit une hausse de 14% sur un an. Il s'agit du chiffre le plus élevé sur 12 mois depuis le début des relevés en 2001.
L'été dernier, de violentes émeutes anti-immigration avaient déjà éclaté. Des militants xénophobes avaient alors tenté d'incendier un de ces établissements à Rotherham, dans le nord-est de l'Angleterre.
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