L’Azerbaïdjan et l’Arménie s’entendent sur un accord de paix

L’Azerbaïdjan et l’Arménie ont annoncé jeudi 13 mars s’être entendus sur un "accord de paix" à l’issue de négociations destinées à régler des décennies de conflit entre ces deux pays du Caucase qui se sont livrés deux guerres.
"Le processus de négociations sur le texte de l’accord de paix avec l’Arménie a été conclu", a déclaré à la presse le ministre azerbaïdjanais des affaires étrangères, Jeïhoun Baïramov. Peu après, c’était la diplomatie arménienne qui soulignait dans un communiqué que "l’accord de paix" était "prêt à être signé" et qu’elle voulait entamer des consultations "concernant la date et le lieu de la signature".
Signe de tensions néanmoins, l’Arménie a reproché dans son communiqué à l’Azerbaïdjan d’avoir fait une annonce "unilatérale", alors qu’elle souhaitait qu’elle soit "commune". Le premier ministre arménien Nikol Pachinian a cependant salué un "événement important". Erevan est prêt "à entamer des discussions sur le lieu et la date de la signature de l’accord de paix", a-t-il ajouté.
"Nous pensons qu’il s’agit d’un texte de compromis, comme un accord de paix doit l’être", a dit Nikol Pachinian à des journalistes.
L’épineuse question du Karabakh
Les deux pays se sont combattus dans deux guerres, l’une à la chute de l’URSS remportée par l’Arménie et l’autre en 2020 gagnée par l’Azerbaïdjan. Celles-ci portaient sur le contrôle de la région azerbaïdjanaise du Karabakh. Les forces azerbaïdjanaises l’ont finalement reprise dans sa totalité aux séparatistes arméniens en septembre 2023, après une offensive militaire éclair.
Les Arméniens et les Azerbaïdjanais ont connu une multitude d’affrontements transfrontaliers depuis leur indépendance à la chute de l’Union soviétique en 1991. La Russie, l’UE, les États-Unis ont tous, à divers moments, participé à des efforts de médiation.
Les négociations bilatérales durent depuis des années et ont été marquées par des périodes d’avancées mais aussi de tensions. En janvier, le premier ministre arménien Nikol Pachinian avait fait état de progrès, soulignant que deux articles du traité de paix restaient en suspens.
Le chef de la diplomatie azerbaïdjanaise a assuré que l’Arménie avait "accepté les propositions de l’Azerbaïdjan" sur ces points.
Selon la même source, l’Azerbaïdjan, plus riche et mieux armé que sa voisine grâce à sa manne pétrolière et à son alliance avec la Turquie, attend désormais que l’Arménie amende sa Constitution qui fait référence à sa déclaration d’indépendance, un document mentionnant les vues d’Erevan sur le Karabakh.
La Russie à l’écart
L’Arménie a déjà reconnu la souveraineté azerbaïdjanaise sur cette région montagneuse que les deux pays considèrent comme centrales dans le contexte de leur histoire et d’où la population ethniquement azerbaïdjanaise avait fui dans les années 1990 après la victoire militaire arménienne.
À l’issue de l’offensive azerbaïdjanaise de septembre 2023, Bakou a repris le contrôle du Karabakh, ce qui a poussé à l’exode la quasi-totalité de la population ethniquement arménienne, soit quelque 100 000 personnes.
L’an dernier, l’Arménie a en outre rendu à l’Azerbaïdjan quatre villages frontaliers qu’elle contrôlait depuis des décennies, à la suite d’un accord sur la délimitation de leur frontière.
Depuis son invasion de l’Ukraine en février 2022, la Russie, la puissance régionale traditionnelle, est largement restée à l’écart de ce récent processus de rapprochement. La Russie entretient d’ailleurs des relations tendues avec l’Arménie, qui l’accuse de ne pas l’avoir soutenue, malgré leur alliance militaire, face à l’Azerbaïdjan. Elle ambitionne en conséquence une intégration à l’Union européenne.
Les relations russo-azerbaïdjnaises sont aussi glaciales depuis décembre 2024, Bakou accusant Moscou de ne pas reconnaître pleinement et d’avoir voulu camoufler que la défense antiaérienne russe avait abattu par erreur un avion de ligne azerbaïdjanais.
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