Transports, énergie et matières premières au cœur de la coopération UE–Asie centrale
L'Union européenne renforce son engagement en Asie centrale, l'Ouzbékistan devenant un partenaire clé dans une relation de plus en plus axée sur les corridors de transport, les matières premières essentielles et la coopération énergétique.
L'Ambassadeur de l'UE en Ouzbékistan, Toivo Klaar, a déclaré que ces éléments étaient devenus l'épine dorsale des relations entre l'UE et l'Asie centrale au cours de l'année écoulée.
"Les investissements augmentent, la planification devient plus coordonnée et le corridor commence à devenir à la fois plus rapide et économiquement viable", a affirmé Toivo Klaar à Euronews lors d'un événement à Tachkent, faisant référence à la route de transport transcaspienne qui relie l'Asie centrale à l'Europe.
Pour l'Union européenne, le corridor transcaspien ne sert pas uniquement à acheminer les marchandises chinoises vers l'ouest. Selon Toivo Klaar, son objectif premier est de donner aux pays d'Asie centrale davantage d'options : exporter davantage vers l'Europe, importer des marchandises de meilleure qualité et réduire la dépendance à l'égard d'itinéraires ou de partenaires uniques.
"Cela n'a aucun sens de ne parler qu'à un seul côté de la Caspienne", a-t-il déclaré, expliquant pourquoi l'UE réunit de plus en plus les pays d'Asie centrale et du Caucase du Sud autour d'une même table.
Cette approche s'est reflétée dans les récentes réunions organisées par l'UE entre l'Asie centrale, le Caucase du Sud, la Turquie, la Moldavie et l'Ukraine, qui sont les signes d'un cadre régional plus large en train de prendre forme.
L'accès aux matières premières, mais pas que
Un autre pilier de plus en plus important de la coopération concerne les matières premières critiques, qui sont essentielles aux transitions verte et numérique de l'Europe.
L'Asie centrale possède d'importantes réserves, mais l'UE insiste pour que le partenariat aille au-delà de l'extraction.
"Nous ne voulons pas creuser un trou et laisser une cuillère derrière nous", a déclaré Toivo Klaar, soulignant que les entreprises européennes sont encouragées à raffiner les matériaux localement, à transférer des technologies et à former des travailleurs locaux.
Pour l'UE, des voies de transport fiables et abordables sont une condition préalable au bon fonctionnement de ces chaînes de valeur, qui relient les matières premières, la transformation et l'industrie européenne en un système unique.
La coopération dans le domaine de l'énergie s'est également accélérée. Toivo Klaar cite de grands projets soutenus par l'UE, notamment un financement de 900 millions d'euros de la Banque européenne d'investissement pour le projet hydroélectrique Kambarata-1 au Kirghizstan.
Une fois achevée, Kambarata-1 devrait devenir l'une des plus grandes centrales hydroélectriques d'Asie centrale, renforçant ainsi la sécurité énergétique régionale et soutenant la transition vers l'électricité renouvelable.
"Ces investissements visent à fournir une énergie durable à la région", a-t-il déclaré, ajoutant que les objectifs de transition écologique façonnent de plus en plus les partenariats de l'UE dans le monde entier.
Un nouveau cadre pour la réforme
Une grande partie des discussions a également porté sur l'Accord de partenariat et de coopération renforcé (EPCA)entre l'UE et l'Ouzbékistan, signé lors de la récente visite du président Shavkat Mirziyoyev à Bruxelles.
Contrairement aux accords précédents, Toivo Klaar a déclaré que l'EPCA intègre l'État de droit, les droits de l'homme, la gouvernance démocratique et le développement durable en son cœur, tout en introduisant des réglementations modernes et compatibles avec l'OMC en matière de commerce, de services, de marchés publics et de propriété intellectuelle.
Javlon Vakhabov, directeur de l'Institut international pour l'Asie centrale, a décrit 2025 comme une "année remarquable" pour les relations entre l'UE et l'Asie centrale, citant le tout premier sommet UE-Asie centrale à Samarcande, les réunions ministérielles, les forums économiques et la signature de l'EPCA.
Il a déclaré que les groupes de réflexion jouaient un rôle clé en transformant la diplomatie de haut niveau en résultats pratiques.
"Notre tâche est d'ajouter de la substance par le biais de conseils politiques et de recommandations, afin que ce partenariat produise des résultats tangibles", a expliqué Javlon Vakhabov à Euronews.
Alors qu'une stratégie révisée de l'UE pour l'Asie centrale est encore en cours d'élaboration, Toivo Klaar explique que la coopération sur le terrain avait déjà changé de manière spectaculaire depuis 2019.
"Les documents peuvent prendre du temps ", a-t-il noté, " mais la réalité bouge déjà. "
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